Benoîte Manuella Ndzana Ndzana est lauréate de la deuxième édition de la résidence Lakalita, qui se tiendra du 1er au 31 mars 2024 sous le thème : « Guérir par la littérature, l’art pour se raconter ». L’auteure camerounaise a été retenue pour son projet d’écriture intitulé A Nkül Kass-Kass : Lè-mä, dialogue poétique sur la rive Ekang.
Qui est Benoîte Manuella Ndzana Ndzana ?
Une âme poète qui se cherche… J’essaie de mettre des couleurs dans ma vie et tout autour de moi. Je suis une Bantoue, de culture Eton et originaire du Cameroun.
Est-il possible de nous parler de votre parcours ? (les grandes lignes de votre formation scolaire et académique, etc.)
J’ai eu la chance de faire des études jusqu’au supérieur, grâce à mes parents. J’ai fait toute mon école primaire à Yaoundé, au quartier Cité-Verte. J’ai débuté le secondaire à Yaoundé, ensuite je suis allée à Mbalmayo. En 2007, j’entre dans un internat au collège Jean Paul II pour poursuivre mes études secondaires. En 2009, j’en ressors avec mon baccalauréat en poche, en lettres et philosophie. Bouche bée, d’avoir l’occasion de fouler le sol d’un campus universitaire, le choix se fait sans hésitation : bienvenue en faculté des sciences sociales à l’Université Protestante d’Afrique Centrale (UPAC) de Yaoundé. En 2013, je postule à l’Institut des Relations internationales du Cameroun (IRIC) toujours dans la même ville, pour suivre une formation en master option coopération décentralisée. Aujourd’hui, je suis à l’école de la vie.
Depuis quand écrivez-vous ?
Depuis la maternelle, je dirais, et ce, par le dessin. C’est à l’école que j’ai appris à écrire, à tenir un crayon entre mes doigts, puis est venue l’envie, de tenir un stylo à bille pour apprendre à former des lettres. Les premiers écrits sont toutes des nouvelles, mais non publiées à ce jour. La Mosaïque en crise, parue à Edilivre en décembre 2020, est la première œuvre poétique qui sort de mon imaginaire en mode autoédition, si je peux le dire ainsi et que j’ose publier. Mais, j’ai véritablement débuté par le dessin avant de relâcher la main au secondaire et sous ces airs de frivolité, c’était soit des Mangas, soit des personnages bâtons que je m’amusais à faire avec des camarades de classe lors des petites compétitions scolaires en dessin ou entre nous au secondaire. La passion pour les lettres vient juste après, quand j’entre à l’université en 2010 et je commence par écrire des nouvelles.
Comment est né ce besoin d’écrire ?
Ce besoin se révèle davantage à moi, quand je lâche brusquement le sport. Si je n’étais pas partie à l’Université, forcément c’est un club de Football que j’aurais choisi pour suivre une formation professionnelle. C’est un sport que j’aime bien. En famille, c’était plus le choix de l’un et pas l’autre, parce que tel choix est bon et l’autre, forcément mauvais. Pourtant, personne ne peut mieux connaître son propre chemin que soi-même et il est difficile de trouver son chemin.
Il y’a des choix qui blessent, d’autres qui font encore plus mal, mais tout le monde passe par-là. Il faut apprendre à faire des choix et en assumer les conséquences. J’ai arrêté parce qu’il fallait faire un choix et même après, ce choix ne m’a jamais fait détester le Football. Bien au contraire… Et moi, depuis toute petite, j’aime ce sport plus que tout. J’ai grandi avec un stade de football en face de chez moi où se trouve l’actuelle Chapelle de la Cité-Verte et j’ai ce sport dans ma peau. C’est la solitude qui m’a poussée dans les bras de l’écriture. Ce n’est pas facile de décrocher un sport, qui vous faisait papillonner et à l’époque, je n’avais que cela pour sourire et pour vivre. L’écriture est venue combler ce manque et l’avantage avec l’écriture, c’est que je peux tout faire, même repartir sur un stade si je le souhaite.
Après avoir participé à plusieurs concours de poésie, vous publiez La Mosaïque en crise, « un carnet de voyage poétique qui s’inspire de la cosmogonie sociale actuelle, du vécu de nos sociétés et par ricochet du monde à venir ». Peut-on en savoir plus, s’il vous plaît ?
Bon, pas plusieurs quand même ! Juste quelques-uns, pour apprendre à écrire et à partager. La Mosaïque en crise est un recueil de poèmes que j’ai commencé à écrire en 2016 et que j’ai achevé en décembre 2017. Pour moi, c’est plus un carnet de voyage où se mêlent poésie et cultures. Il n’y a pas que des poèmes en français dedans et j’envoie la balle à qui veut l’attraper, d’aller lire. C’est un recueil certes, mais plus un carnet de voyage poétique.
Pourquoi décidez-vous de participer à l’appel à candidatures pour cette deuxième édition de la résidence d’écriture organisée par l’Espace Lakalita et qu’est-ce que ça vous fait de savoir que vous en êtes la lauréate ?
À l’annonce de la première édition, j’étais censée postuler, mais je ne pouvais pas, car j’avais une sollicitation humanitaire urgente et cette année avec moins de bousculade, je me suis dit pourquoi ne pas tenter ? Je l’ai fait et voilà. Sincèrement, je ne m’y attendais pas et tout est grâce. Elle est belle, cette initiative et j’encourage de tels projets au Cameroun. Chose qui se fait, mais pas dans la pérennité. Cette résidence d’auteures est un cadeau, un beau cadeau de Noël !
Votre projet d’écriture, A Nkül Kass-Kass : Lè-mä, dialogue poétique sur la rive Ekang, est celui qui vous a ouvert les portes de cette résidence. Faites-nous comprendre ce titre original, s’il vous plaît.
En langue Eton, cela veut dire : « au bruit ou au son du Kass-Kass : raconte-moi… ». Le Kass-Kass est un instrument de musique traditionnel que les peuples africains utilisaient autrefois pour communiquer avec la nature, pour animer ou jouer lors des cérémonies et je vous assure que le Cameroun n’est pas le seul pays à avoir une grande histoire d’amour avec cet instrument. Je peux citer le Burkina Faso, le Mali, le Sénégal et bien d’autres.
Comment se fait ce dialogue poétique ? À Nkül Kass-Kass : Lè-mä… : une célébration de la nature et de la culture Ekang ?
Oui, sur un ton de célébration et de découverte.
On se rend compte que la poésie a une place prépondérante dans votre entreprise scripturale… Et pourquoi ?
Oui, c’est le cas. Nos vies sont des poèmes.
Entre Ecopoète, Ethnopoète ou alors poète tout simplement, quelle appellation vous définit le mieux ?
Une âme poète tout simplement.
Merci pour votre disponibilité !
Je vous en prie, merci à vous pour l’écoute.
Par Boris Noah
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