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NATHALIE DIA, CANDIDATE À LA MAIRIE DE SICAP LIBERTÉ AU SÉNÉGAL


Madame Nathalie Dia, après une participation sans résultat escompté aux dernières élections législatives sénégalaises, a décidé d’être candidate à la mairie de Sicap Liberté, dans l’optique de lui redonner « son lustre d’antan en lui offrant la perspective d’un futur radieux ». Elle a accepté de se confier à nous, afin de partager son parcours, sa vision et ses ambitions politiques.

Bonjour Mme Nathalie Dia, nous sommes honorés de vous recevoir. Vous êtes diplômée en ingénierie commerciale, spécialisée dans le développement de l’image, la gestion de l’événement, le conseil en marketing et communication. On sait que vous avez été Miss Sénégal en 1992, vous avez travaillé dans plusieurs entreprises sénégalaises et vous êtes présentement Directrice de l’agence de communication OPAL. Depuis quel moment avez-vous senti le besoin de vous lancer dans la politique ?

Je vous remercie tout d’abord de me permettre de m’exprimer dans votre magazine. Le portrait que vous faites de moi est assez fidèle ; j’aimerais juste ajouter que j’ai été employée de banque pendant plus d’une dizaine d’années avant de me lancer dans l’entrepreneuriat en créant d’abord ma propre agence de communication que j’ai depuis mise en veilleuse pour développer une nouvelle activité dans la conception d’objets de décoration d’intérieur.

Le besoin de m’engager s’est manifesté en moi tout naturellement. Je suis une citoyenne engagée depuis plus d’une dizaine d’années. Mon engagement est d’abord citoyen avant d’être politique. Actuellement, je suis membre du mouvement citoyen Taxaw Temm et nous comptons bien, avec mes camarades, apporter notre modeste pierre, à la construction d’un Sénégal meilleur.


Vous êtes aujourd’hui une femme politique aux multiples projets. Vous avez été candidate indépendante aux élections législatives de 2017. Pourriez-vous nous dire les problèmes auxquels vous avez été confrontés lors de cette élection et ce qui vous a manqué pour la gagner ?


Je ne suis effectivement pas à ma première tentative. En effet, j’ai été candidate indépendante aux élections législatives de 2017 avec la Coalition Ndawi Askan Wi/Alternative du Peuple à travers une autre structure, la Coalition Citoyenne pour le Changement (3C) dont j’étais membre à l’époque. Nous étions un mouvement de jeunes citoyens engagés, décidés à constituer une liste indépendante pour participer aux élections législatives du 30 juillet 2017 conformément à la Nouvelle Constitution. Mû par une conscience citoyenne, le mouvement 3C avait décidé de se donner les moyens d’être à toutes les fonctions électives. Nous croyions fortement en une transformation positive et durable pouvant impulser le changement tant souhaité par tous. Ensemble, nous avions déjà engagé plusieurs combats citoyens tels que Non au mur sur la Corniche et non au referendum de 2016 entre autres. Au soir de ces élections, notre coalition n’a pu obtenir qu’un député. Assez pour nous permettre d’être présents dans les débats dans l’hémicycle et d’espérer amorcer le changement.

Tout changement est difficile et les candidatures indépendantes et citoyennes ont un défi majeur à relever : participer et se faire une place éligible parmi les politiques. C’est à ce niveau que se situe la difficulté, car pour opérer une percée significative aux yeux des populations, il faut faire comprendre que le véritable changement ne viendra que de la majorité dite silencieuse et jamais de la minorité qu’est l’élite politique.


Est-ce facile pour une femme de faire la politique au Sénégal ?


Tout est difficile pour une femme. Rien n’est acquis d’avance pour elle. Mais il y a de grandes avancées si je fais une comparaison avec la condition de la femme dans une époque bien éloignée de la nôtre.

En effet, il y a quelques années le pouvoir politique des femmes ne leur permettait pas de prendre des décisions engageant les destinées de la communauté, car il y avait toujours pour les femmes détentrices de pouvoir, une borne à ne pas franchir.

Autres temps, autres mœurs. Aujourd’hui, il y a une reconnaissance que la femme est le premier facteur du développement économique et humain. Son rôle est incontestable et incontesté, car à force de travail, de courage et d’abnégation, elle a réussi à gagner sa place et à se hisser aux côtés de l’homme et bien au-delà dans certains cas. Mais ce n’est pas assez et le chemin est encore long. J’ai néanmoins, l’intime conviction que grâce à notre capacité de résilience, nous relèverons le défi du changement de mentalité.


Selon vous, qu’est-ce qu’il faut changer dans votre pays pour qu’il soit meilleur à vos yeux ?


À défaut de changer de pays, il faut changer le pays. Les problèmes majeurs qui plombent notre pays sont nombreux : Institutions non démocratiques, non-respect de la séparation et l’équilibre des pouvoirs, inégalités, travail insuffisant et absence généralisée de discipline.

Pour ne prendre que l’exemple de la démocratie, nous en avons de manière générale une conception erronée. Nous, qui sommes le peuple avons tendance à penser que la démocratie est l’apanage d’une certaine élite qui pour maintenir son pouvoir de domination est prête à tout pour que l’on ne remette pas en question son pouvoir et par ricochet ses profits et ses avantages. Et la majorité qui détient entre ses mains l’arme ultime de son émancipation c’est-à-dire le bulletin de vote, mais qui ne s’en sert pas ou très peu. Voilà le problème majeur que nous avons et qui nous empêche de nous développer. Le jour où le plus grand nombre exercera toute sa souveraineté après l’avoir arraché des mains de l’oligarchie, le peuple prendra les décisions qui s’imposent à son bénéfice.


Les élections municipales approchent à grands pas, elles ont déjà été repoussées plusieurs fois. Le pouvoir en place impute les raisons de ces reports à la crise sanitaire, arguant qu’elle a freiné l’organisation du processus électoral, tandis que l’opposition y voit une ruse qui profite à ceux qui sont au pouvoir. Que vous inspirent ces reports ?


Depuis 2019, les élections ne cessent d’être reportées. Il y a la crise sanitaire, mais aussi le dialogue politique comme raisons avancées. La dernière échéance est maintenant prévue pour janvier 2022 et nous espérons que cette fois-ci sera la bonne. Mais honnêtement, il faut reconnaitre que le respect strict du calendrier électoral est un problème récurrent depuis notre indépendance. Soit les élections sont mal organisées avec des fraudes et des provocations du parti au pouvoir, soit elles sont retardées ou repoussées. La raison principale est liée à la faiblesse de la culture démocratique républicaine, à la persistance du règne du parti État, aux difficultés que rencontrent l’opposition politique et la société civile à imposer non seulement le respect du calendrier, mais aussi un scrutin transparent et démocratique.

Ces reports, semblent arranger la majorité des élus toutes tendances confondues pour la bonne et simple raison que beaucoup ont peur de rendre compte ou de faire un bilan sans complaisance de leur gestion. 

C’est pour éviter de nous retrouver dans des situations de blocage que le Mouvement Taxaw Temm avait suggéré une rationalisation plus pertinente du calendrier républicain, tout en prenant en compte la pandémie et les conditions financières résultant de cette crise sanitaire, que les élections locales, législatives et présidentielles se tiennent en même temps en 2022. Nous avions même amorcé une pétition dans ce sens pour faire adhérer le maximum de Sénégalais à cette cause qui nous aurait évité d’être en perpétuelle campagne électorale.


Vous êtes candidate indépendante à la mairie de Sicap Liberté dirigée depuis 2010 par M. Santi Séne Hagne. Pourquoi préférez-vous être candidate indépendante plutôt que d’être investie par un parti politique ?


Je suis candidate indépendante certes, mais mon objectif est de fédérer autour de cette candidature indépendante toutes les associations de jeunes, de femmes ainsi que les sicapois de tous bords. Je suis également favorable au soutien de ma candidature par l’ensemble des organisations politiques ou autres, intéressées par le développement de la Sicap Liberté.

Quelles sont vos ambitions pour la mairie de Sicap Liberté si vous êtes élue ?

Pour moi, la Sicap, ce n’est pas juste un quartier à remodeler. La Sicap, c’est une histoire, une mémoire, un vécu, une culture, des souvenirs. La Sicap, c’est un stade mythique, un cinéma gorgé de souvenirs merveilleux, un jet d’eau point de convergence des familles et des amoureux d’alors, des jardins publics arborés, des allées verdoyantes, des hommes, des femmes qui ont marqué de leurs empreintes la communauté. C’est toute cette composition qu’il faut combiner pour le restituer en mieux aujourd’hui.

Mes ambitions, pour la Mairie de la Sicap Liberté, sont celles d’une sicapoise qui voudrait redonner à sa Commune son lustre d’antan en lui offrant la perspective d’un futur radieux. Mon objectif principal est de faire de l’amélioration constante du cadre de vie de Sicap Liberté, une priorité. Pour les années à venir, je fantasme d’une Commune doublement réconciliée avec elle-même et de par sa composition hétéroclite et du potentiel énorme qu’elle dégage, je pense que la Sicap Liberté peut amorcer ce saut qualitatif vers le changement.

Quelle que soit l’issue de cette élection, quels sont vos projets pour les populations sénégalaises ?

Mes ambitions vont au-delà de ma Commune, c’est certain. Quelle que soit l’issue de cette élection, nous continuerons mon équipe et moi à nous engager pour la Sicap et les sicapois parce qu’il est devenu indispensable de nous engager durablement afin de remodeler le paysage urbain et de le rendre plus agréable.


« Les schémas politiques traditionnels ont fini de montrer leurs limites. Il est temps d’essayer une nouvelle forme de gestion de la vie publique. » Quelle est cette nouvelle forme de gestion dont vous parlez ?


Oui, pour moi, il faut repenser le modèle politique. « Faire la politique autrement » est à l’origine de mon engagement dans Taxaw Temm. La démocratie représentative ne tient plus ses promesses, il y a un grand écart entre les gouvernés et leurs élites. Cette raison s’explique certainement par le fait que, nous, la majorité, pensons que la gestion de la chose publique est l’apanage de cette infime frange de la population. Or cette minorité de politiques a fini de montrer ses limites en confisquant le pouvoir, en violant la Constitution, en s’arrogeant des privilèges au détriment du grand nombre. On comprend dès lors pourquoi toutes les préoccupations, pourtant justifiées des populations, ne sont jamais prises en compte.

Désormais, la participation des citoyens dans la gestion de la cité doit se faire sentir par la contribution, l’appropriation et le contrôle du bien public. Il urge que nous prenions le contrôle de nos institutions et que nous déclenchions ce processus d’appropriation et de gestion participative.

Nos institutions doivent être conçues pour renforcer le pouvoir et les intérêts du plus grand nombre, et non laisser, le terrain libre aux puissants.


Vous avez déjà été candidate aux législatives et maintenant vous êtes candidate aux municipales. Doit-on s’attendre également à une candidature pour la prochaine présidentielle au Sénégal ?


Le chemin de l’engagement politique est long et semé d’embûches. Même si j’en suis à ma deuxième expérience, il me reste beaucoup de chemin à parcourir. C’est une expérience enrichissante, car j’apprends et me bonifie. Pour le moment, mon ambition se limite à la commune que je compte diriger ; c’est déjà un grand challenge pour moi.


Mme Nathalie Dia, merci pour votre disponibilité.


C’est moi qui vous remercie pour la confiance que vous avez placée en moi en m’offrant une tribune dans votre magazine.


Par Boris Noah


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