L’Afrique est un continent qui déploie ses ailes de jour en jour, avec beaucoup d’engagements, à la rencontre d’une émergence désirée. Plusieurs pays à l’instar de l’Afrique du Sud, le Ghana, le Maroc, le Tchad, le Cameroun et le Nigeria se sont fixé comme défi l’utilisation du numérique au profit du développement durable.
C'est une ère de révolution pour les États qui veulent dépasser le modèle classique de développement économique pour s’ouvrir à la mondialisation par le biais de cet outil devenu désormais incontournable.
Depuis la fin des années 2000, le continent africain connaît une expansion dans le domaine des NTIC (nouvelles technologies de l’information et de la communication), conduisant ainsi à l’apparition massive des téléphones intelligents, des ordinateurs portables et des écrans plasma numériques. De plus, l’accès à internet est devenu effectif avec un taux de connectivité qui varie dans chaque pays. Selon l’agence sénégalaise de régulation des télécommunications et des postes (ARTP), le taux de pénétration d’internet au Sénégal était de 62,9 % en 2018. Selon l’UIT (l’union internationale des télécommunications), l’Algérie est passée de 12,5 % à 60 % d’accès des particuliers à internet entre 2010 et 2018. Ces chiffres, aujourd’hui, ont certainement évolué. Au Sénégal par exemple, l’accès à internet passe majoritairement par des smartphones, à hauteur de 88 %. Cela prouve un certain optimisme puisque ces chiffres influencent littéralement le PIB (produit intérieur brut) de certains pays. Les technologies et les services mobiles ont généré 8,6 % du PIB de l’Afrique subsaharienne en 2018. Ils ont ainsi créé une valeur ajoutée de 144 milliards de dollars. Et les 167 millions de nouveaux abonnés attendus d’ici 2025 vont alimenter la plus forte croissance de la téléphonie dans le monde. Ils viendront notamment des pays fortement peuplés tels que le Nigeria, l’Éthiopie, la RDC, la Tanzanie et le Kenya.
Le commerce électronique, les cartes de paiement, les services financiers mobiles.
Le secteur du numérique relève des NTIC qui sont devenues indispensables à la vie quotidienne et ont favorisé la dynamisation de la technologie africaine. Il est possible de faire une transaction d’argent, de payer son abonnement mensuel d’eau, d’électricité, etc. depuis son téléphone mobile sans se déplacer. Les opérateurs de réseaux mobiles en profitent pour faire du chiffre d’affaires en proposant de plus en plus de services. La vente des marchandises et services, les commandes et le versement d’argent en ligne sont devenus des options favorites pour les amoureux des nouvelles technologies. Ces opérations se font avec des services de « portefeuilles mobiles » qui émergent partout en Afrique. On peut parler de M-Pesa qui est un système de micro financement et de transfert d’argent par téléphone mobile lancé en 2007 par Vodafone pour Safaricom et Vodacom, les deux plus grands opérateurs de téléphonie mobile au Kenya et en Tanzanie. MPesa permet aux utilisateurs en possession d’une carte d’identité de déposer, retirer et transférer aisément de l’argent grâce à un appareil mobile de type téléphone portable. C’est la même chose pour le service Mobile Money qui permet de recevoir, conserver et dépenser de l’argent en utilisant leur téléphone portable. Le numéro de téléphone correspond au numéro de compte. Dans certains pays, il existe un lien entre les paiements mobiles et le secteur bancaire.
La volonté des États à se servir de ce secteur prometteur.
Le continent africain s’est approprié le numérique comme un outil accélérateur de l’économie. Les États jouent un rôle essentiel dans l'accroissement de ce secteur et dans la dynamique d’innovation sur le continent par des politiques favorables. Ils sont les premiers accompagnateurs des start-up mis en place par des entrepreneurs qui trouvent des solutions correspondant aux besoins des populations à travers ce domaine. Les pays qui ne bénéficient pas d’une infrastructure technologique avancée et dont le PIB est faible l'ont intégré dans leur gouvernance avec beaucoup d'assurance. Ainsi, il est créé des ministères relatifs aux NTIC afin de soumettre ce secteur à une administration avantageuse à l’économie nationale. Au Congo par exemple, il est créé en 2017 le ministère des Postes, des Télécommunications et de l’Économie numérique. Cette volonté des gouvernants africains inspire confiance à plusieurs, car ce domaine technologique est créateur des services et des emplois. Il est très facile de repérer sur chaque avenue à Brazzaville un kiosque d’opérateur mobile. Qu’il s’agisse de MTN (entreprise sud-africaine à gros chiffre d’affaires) ou de Airtel, ces kiosques sont des points d’accès qui permettent la proximité entre ces entreprises et leurs clients. Leurs collaborateurs sont pour la plupart des jeunes autrefois au chômage.
Les acteurs privilégiés dans le secteur du numérique.
Actuellement, ce secteur est en pleine extension en Afrique. Ce qui favorise l’essor de l’économie continentale. Il implique plus les jeunes dans la société, car il génère des activités telles que : la vente et réparation des appareils téléphoniques, les transferts de crédits (M2U, Sap-Sap en Afrique central), les entreprises de transactions d’argent multinationales… Il faut soulever aussi le fait que la population africaine est littéralement caractérisée par un haut pourcentage de la jeunesse. Le digital étant en constante évolution, il crée des métiers intéressants comme le webdesigner, développeur (java, web), e-marketeur, etc. Cela attire l’intérêt de plusieurs jeunes puisque ce sont des métiers de l’avenir. À l’ère du Covid-19, beaucoup de personnes se sont servies de ceux-ci pour gagner leur vie à distance. Leur apprentissage même s’est accru partout. C'est aujourd’hui plus sécurisant de maîtriser un de ces métiers en plus de sa formation de base. En revanche, établir de hautes écoles de formation concernant ces derniers permettra aux jeunes africains de se préparer et de s’adapter au monde digital. Il est constitué de challenge, d’innovation et demande beaucoup d’attention, ainsi que d’investissement.
Un secteur qui embrasse tout.
Le numérique prend en compte l’économie, le social, l’éducation… Dans l’éducation, il est possible d’acheter des cours et des ouvrages en ligne via une carte de paiement. Il est aussi possible de traiter des sujets de statistiques avec son ordinateur ou son téléphone portable. À cause de plusieurs possibilités qu’offre ce secteur, la jeunesse africaine s’y intéresse et organise des ateliers dans ce domaine depuis ces dernières années. Et, puisqu'il est lié à la mécanique et à l’industriel, les gouvernants osent intéresser les jeunes à la robotique pour de nouveaux défis à long terme. Ainsi, l’Afrique a beaucoup à gagner en investissant dans le digital. Par exemple, dans le domaine de la santé, depuis l’apparition du Covid-19 dans le continent, les initiatives numériques se sont multipliées grâce aux jeunes entrepreneurs. Il y a désormais la possibilité de consulter un médecin à distance grâce à l’e-santé. Il suffit d’avoir un ordinateur ou un smartphone et une connexion internet. Dans cette perspective, le REMA (réseau d’échange entre médecins d’Afrique), une application lancée en 2017 au Bénin par le docteur Sedric Degbo, fournit aux professionnels de santé un service de collaboration médical à distance.
Le numérique a donc une importance en Afrique en ce sens qu’il est non seulement un réel accélérateur économique, mais aussi il engendre plusieurs activités rentables dans la société. Par ailleurs, c’est un outil des NTIC profitable à tous, car il facilite la vie et le travail. Il est plus favorable à la jeunesse africaine qui, aujourd’hui, entreprend et vend en ligne.
Juvenale OBILI
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