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La marche blanche contre les violences faites aux femmes au Sénégal


L’accentuation des violences basées sur le genre en Afrique donne lieu de plus en plus à une prise de conscience collective qui engendre de nombreuses initiatives salutaires. Se lever pour dire « Non » aux violences faites aux femmes est devenu récurrent ; on le voit à travers des livres publiés, la mise sur pied des associations et syndicats, et l’organisation de certains événements. À titre d’illustration, nous pouvons évoquer la publication, il y a quelques semaines, du livre collectif Jusqu’à ce que mort s’ensuive !, publié aux éditions Lakalita. Ce livre qui a connu la participation des auteur(e)s issu(e)s de plusieurs pays africains affiche clairement l’ambition de « réunir, de connecter, et de fédérer les efforts pour mieux combattre » les violences basées sur le genre en Afrique. Dans la même foulée, nous notons l’organisation d’une marche blanche au Sénégal, le 19 décembre 2021.


Le bilan des violences faites aux femmes ne cesse de s’alourdir et celles-ci prennent « des proportions inquiétantes » en Afrique, de façon générale. « Elles sont retrouvées sur toutes les formes : violences domestiques, violences conjugales, harcèlement ou agressions sexuelles, mariage précoce et forcé, exploitation sexuelle, crimes dits “d’honneur”, mutilations génitales féminines, etc. Elles constituent une atteinte grave aux droits fondamentaux des femmes et des filles et entrainent des conséquences néfastes immédiates ou à long terme sur bien-être général des femmes aussi bien sur le plan physique, sexuel et mental voire la mort. Elles ont aussi des répercussions énormes sur les familles, leur communauté et le pays. » C’est ainsi que le comité d’organisation dresse le tableau noir des violences faites aux femmes au Sénégal, notamment.

En effet, l’idée de cette marche prend corps après le drame qui a bouleversé le Sénégal au mois de novembre dernier. Trois meurtres et un suicide, pour une raison aussi sordide que glaçante qui témoigne à suffire du degré de violence perceptible au Sénégal, et à quel point le vice est ancré dans nos sociétés contemporaines. Une telle démarche mettant en mal la vie de toute une famille est d’une violence inouïe. Rester silencieux et ne rien faire face à de tels actes serait faire preuve de complicité, d’où la décision pour les femmes du Sénégal de marcher pour la paix.


De ce fait, les objectifs de cette marche sont clairs. Il est question de se lever ensemble pour dénoncer avec la dernière énergie les abus et écarts liés aux violences basées sur le genre. De démontrer à travers des actions concrètes, une solidarité sans faille aux victimes ou survivantes de violence. De penser à mettre en œuvre un cadre prévention et de prise en charge des victimes ou survivantes de maltraitance. Enfin, il sera question de présenter le manifeste du mouvement dénommé « la Marche Blanche des Femmes » (MBDF), lequel comportera les résolutions prises et propositions faites pour éviter d’autres cas de violences tant sur les femmes, que sur les enfants et même sur les hommes.



En guise de rappel, cette marche blanche du 19 décembre 2021, qui va se dérouler dans les 14 régions du Sénégal, « n’est financée par aucun organe, elle est apolitique et laïque. Elle regroupe des associations déjà formées, des femmes, des hommes, des jeunes sans discrimination aucune spontanément réunis autour d’objectifs communs. Elle est pacifique et reflète nos rêves enfouis, notre vision commune d’un destin paisible. » Par conséquent, le rêve est permis. Le rêve d’une société moins empreinte de violence, où les valeurs de solidarité, de dialogue, de justice et de respect seront restaurées pour le bien de tous. Le rêve d’une société où la femme sera respectée à sa juste valeur et où certains n’essaieront pas de lui arracher sa liberté. L’exacerbation de la violence est en partie due à la perte de certaines de nos valeurs humaines. Nous constatons avec amertume que le respect de l’Humain a quasiment disparu. L’on est prêt à tuer l’Autre sans procès pour des raisons fantasques. Et c’est dommage ! Il est grand temps qu’on se ressaisisse et qu’on réapprenne à respecter l’Autre, indépendamment de son genre.


Boris Noah

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