L’ancien président nigérien, Mahamadou Issoufou, a officiellement reçu le Prix Mo Ibrahim pour un leadership d’excellence en Afrique, qui lui avait été décerné en 2020. En marge du week-end de la gouvernance — Ibrahim Governance Week-end : IGW —, organisé chaque année par la Fondation Mo Ibrahim, s’est déroulé du 28 au 30 avril 2023 à Nairobi, au Kenya. Son prix lui a été remis par Aïcha Bah Diallo, membre du comité d’organisation, militante des droits des femmes et femme leader guinéenne. Ce, en présence de plusieurs chefs d’États africains et de nombreuses autres hautes personnalités à l’instar de William Ruto président du Kenya, Moussa Faki président de la Commission de l’Union Africaine et Amina Mohamed vice-secrétaire générale de l’ONU.
Le Prix Mo Ibrahim a été créé par Mohamed Ibrahim, dans l’optique de célébrer la bonne gouvernance et le leadership en Afrique. Dans ce continent plombé par d’incessants problèmes politiques, le milliardaire d’origine soudanaise a pensé qu’il était judicieux de créer un prix qui célèbrera les dirigeants remarquables par leurs actions au service du développement de leur pays. Des dirigeants qui brillent par le respect de la démocratie et l’implémentation de l’alternance politique. C’est ainsi que la première édition du prix a été décernée en 2007, un an après la mise sur pied de la fondation Mo Ibrahim qui l’organise. D’une valeur de 5 millions de dollars américains versés sur une période de dix ans, avec une allocation annuelle à vie de 200 000 dollars, le Prix Mo Ibrahim « permet au continent africain de continuer à bénéficier de l’expérience et de la sagesse de ses dirigeants d’exception en donnant à ces derniers l’occasion de poursuivre une action citoyenne sur le continent une fois leur mandat national achevé. » (Fondation Mo Ibrahim).
Mahamadou Issoufou, président de la République du Niger entre 2011 et 2020, a donc été honoré pour la gouvernance exemplaire de son pays. Après deux quinquennats, l’ex-chef d’État avait décidé de respecter la limite des mandats prévue par la constitution. Il a quitté le pouvoir à l’issue de son second mandat, sans contestation, sans essayer de changer la constitution afin de se maintenir au pouvoir. L’ex-président l’a exprimé lors de son allocution : « Les acquis démocratiques volent en éclat avec le retour de coups d’État dont on croyait l’ère à jamais révolue. La crise en cours au Soudan vient malheureusement consolider cet acte de crise qui va de la Guinée, c’est-à-dire de l’Atlantique, à la mer Rouge. Tout se passe comme si nous sommes en panne de solutions. Tout se passe comme si nous sommes impuissants à sauver la maison qui brûle. »
À côté du fair-play démocratique de l’ex-chef d’État nigérien, ses efforts pour relever son pays sur le plan économique ont aussi retenu l’attention du jury. Le président du Comité du Prix Mo Ibrahim, Festus Mogae, n’a pas manqué de le relever pendant l’annonce de cette récompense : « Face aux problèmes politiques et économiques les plus graves, notamment un extrémisme violent et une désertification croissante, le président Issoufou a su conduire ses concitoyens sur la voie du progrès. Aujourd’hui, le nombre de Nigériens vivant sous le seuil de pauvreté est tombé à 40 %, contre 48 % il y a dix ans. Bien évidemment les défis demeurent conséquents, mais le président Issoufou a tenu ses engagements auprès du peuple nigérien et leur a ouvert la voie d’un avenir meilleur. Après mûre réflexion, le Comité a considéré que le président Issoufou est le digne lauréat 2020 du Prix Ibrahim. »
Depuis sa création, seules six personnalités ont été célébrées par le Prix Mo Ibrahim, parce qu’il y a des années où le prix n’est pas remis à cause de l’absence d’un candidat réunissant les obligations requises par le jury. Avant Mahamadou Issoufou, il n’a récompensé que Joaquim Chissano en 2007 ancien président du Mozambique, Festus Mogae en 2008 ancien président du Botswana, Pedro Pires en 2011 ancien président du Cap Vert, Hifikepunye Pohamba en 2014 ancien président de Namibie et Ellen Johnson Sirleaf en 2017 ancienne présidente du Libéria.
Boris Noah
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