top of page

Manu Dibango : une légende de la musique africaine

artiste musicien ayant marqué la fin du vingtième siècle, Manu Dibango est un saxophoniste hors pair dont le monde entier se souviendra toujours. Selon le fameux adage : « un artiste ne meurt jamais », il continuera à vivre à travers ses œuvres. Le précurseur de la World Music a laissé un héritage musical à l’Afrique et au monde entier, à l’instar du Soul Makossa. Il était un amoureux de la mixité culturelle. À cet effet, il s’est engagé dans les initiatives pour la paix. Sa famille si aimante et fière n’oubliera jamais le père qu’il était. Aujourd’hui, la musique de Manu inspire de nombreux artistes et continue à traverser le monde comme de son vivant.


Pour Manu Dibango, la musique est au départ un hobby. Il ne compte pas en faire une profession. En 1950, il est inscrit au lycée de Chartres en France et est entouré d’autres Africains de bonne famille. À ses heures perdues, Manu joue à la mandoline et au piano. En se rendant à un centre de colonie réservé aux ressortissants du Cameroun pendant les vacances, il fait la connaissance de Francis Bebey qui jouait du jazz, ainsi que Amstrong et Sidney Bechet. Les quatre forment ensemble un petit groupe où chacun s’essaie à la pratique de son instrument favori. Manu découvre ainsi le saxophone et s’inscrit à des cours de musique. En 1956, il rate son baccalauréat. Il fréquente alors dans des boîtes de nuit de France et de Bruxelles où il fait la rencontre de Coco sa première femme. C’est aussi là-bas qu’il fit connaissance avec la musique moderne congolaise, déjà très développée dans les années 60. Joseph Kabasélé, le père de cette musique plus connu sous le nom de « Grand Kallé », l’embauche comme saxophoniste et ils enregistrent ensemble avec son orchestre une quarantaine de morceaux d’Afrojazz qui firent le succès en Europe tout comme en Afrique. Manu se forge une carrière solo en tentant de faire le « African Soul », un style musical qui mélange le jazz, la rumba et les rythmes latino. Quand en 1975 il sort le tube planétaire « Makossa », il signe alors le début d’un métier qui va influencer le monde de la musique du 20e au 21e siècle. Malheureusement, la mort frappe à sa porte en mars 2020, l’obligeant ainsi à laisser son saxophone.


La biographie de Manu Dibango.


Surnommé Papagroove, Emmanuel N’djoké Dibango de son vrai nom, est né de parents protestants le 12 décembre 1933 à Douala au Cameroun. C’est un saxophoniste et chanteur camerounais de world jazz. Auteur de Soul Makossa, un tube qui a résonné partout dans le monde. Son langage musical est inspiré de ses racines et de ses rencontres multiculturelles. Il a toujours su faire un mixage des sonorités diverses, d’où l’on peut parler de son succès légendaire. Sa mère dirige la chorale du temple où il se rend pour apprendre le chant. Exilé en France en 1949, il a parcouru les villes de Marseille, de Sarthe, de Chartres et de Château-Thierry où ses parents l’envoient faire le baccalauréat. À cette même période, il découvre le jazz et se lance à l’apprentissage du piano, puis du saxophone avec beaucoup de passion. Son père déçu de son échec au baccalauréat lui coupe les vivres en 1956. Alors, avec Kabasélé, il fait des tournées à cette époque où la République démocratique du Congo arrache son indépendance au rythme de la chanson « Indépendance cha cha ». En 1963, le retour de Manu à Abidjan ne lui sourit pas, il repart en France et en 1967, il dirige un orchestre en compagnie de Nino Ferrer et collabore avec Dick Rivers pour une série d’émissions télévisées. En 1969, il enregistre un album jazzy qui devrait lui permettre de renouer avec son public africain.


Le tube qui a fait le tour du monde !


En 1972, Manu devient célèbre avec son titre Soul Makossa, d’un album éponyme. Ce fut un succès planétaire qui conquit le plus les Afro-Américains. Aussi, le son devient très vite un tube de la musique pop avec son refrain envoutant « Mamasé Mamasa Mamakosa ». Quelques années plus tard, deux artistes reprennent ce refrain dans leurs chansons : en 1982, Michael Jackson sort le titre Wanna be startin’ something et en 2007 la jamaïcaine Rihanna, faisant succès aux États-Unis, reprend le rythme dans une de ses chansons, dénommée Dont’t stop the musique. Manu poursuit tous les deux artistes en justice pour réclamer ses droits. En 1986, l’affaire est réglée à l’amiable avec un accord financier qui ne fut pas totalement respecté. Cet accord ne couvrait malheureusement pas l’utilisation ultérieure du refrain. C’est ainsi que le Soul Makossa fut exploité par d’autres artistes musiciens dans le monde sans que l’auteur n’en tire un bénéfice.


Manu Dibango, un mixeur des sonorités.


Pour le célèbre artiste musicien, il n’est pas intéressant de cloisonner la musique. Se définissant lui-même comme afro-européen, il aime faire un mixage des sonorités de diverses cultures du monde. Cela révèle d’une authenticité musicale dont Manu avait la clé. Dans cette perspective, il fait fusionner le jazz et les musiques africaines, avec des incursions de l’afro-électro-funk. Ces sons ont séduit des individus de multiples nationalités.


Un auteur d’ouvrage, un humanitaire et un promoteur de la musique africaine.


À l’occasion de son soixantième anniversaire, Manu enregistre un album de reprises des plus grands succès africains intitulé Wakafrica ou l’Afrique en route, en collaboration avec de grandes personnalités comme : Papa Wemba, Youssou Ndour, Salif Keita, Manu Katché, Angélique Kidjo, Peter Gabriel et d’autres.

Manu Dibango s’engage dans des combats humanitaires et joue le rôle d’un rassembleur des populations et des cultures à travers sa musique. De la lutte contre le réchauffement climatique, aux côtés de Juliette Binoche, à l’aide aux jeunes talents prometteurs, Manu devient une personnalité attachante pour l’Afrique.

Il est auteur de deux ouvrages autobiographiques : Manu Dibango, ballade en saxo, dans les coulisses de ma vie, paru aux Éditions L’archipel en 2013 et de Trois kilos de café paru aux Éditions Lieu commun en 1989.


Manu Dibango a été décoré plus d’une fois.

  • En 1986, il est décoré de la médaille des Arts et des Lettres.

  • En 1993, victoire du meilleur album de musique de variétés instrumentales de l’année 1992 (album Néogropolitaines, Vol 2).

  • En 2003, Grand Prix de l’Académie Charles Cros.

  • En 2004, il reçoit le prix de l’Artiste de l’UNESCO pour la paix.

  • En 2009, grand prix de la Sacem pour l’ensemble de sa carrière.

  • En 2010, Chevalier de la Légion d’honneur.

  • En 2015, il est nommé Grand Témoin de la Francophonie aux jeux olympiques et paralympiques de Rio 2016.

  • En 2017, il est honoré d’un Lifetime Award pour l’ensemble de sa carrière à la cérémonie des Afrima (All Africa Music Awards) au Nigeria.

Manu Dibango tire sa révérence à l’âge de 86 ans


Le 18 mars 2020, un communiqué publié sur la page Facebook officielle de Manu Dibango annonce que celui-ci est hospitalisé à l’hôpital de Melun, en France, pour avoir été testé positif au Covid19.

Le 24 mars 2020, la terrible nouvelle tombe. Le grand Manu Dibango n’est plus. Sa famille annonce la triste nouvelle qui laisse les mélomanes du monde entier sans voix.

Manu Dibango a laissé derrière lui plusieurs projets, dont la réédition de ses albums. Il a été inhumé dans le strict respect des mesures barrières le 27 mars 2020 au cimetière du Père-Lachaise. À l’ère où les restrictions dues au coronavirus persistent, sa famille, ses amis et ses fans espèrent toujours lui rendre un hommage digne de ce nom.


Juvenale OBILI


crédit photo: nova.fr

Comments


bottom of page