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Déclaration pour le respect et la préservation des droits des femmes au Sénégal

Le nouveau gouvernement de Bassirou Diomaye Diakhar Faye, nommé le 5 avril 2024, apparaît pour certains comme l’expression d’une régression du combat pour l’équité et la parité entre les genres. Plusieurs organisations, personnalités indépendantes, et particulièrement le collectif des citoyen.ne. s pour le respect et la préservation des droits des femmes s’en offusquent. 



L’élection du nouveau Chef de l’État du Sénégal a été dans l’ensemble applaudie. Elle se dresse comme un symbole d’espoir pour des populations qui rêvent d’une alternance politique pacifiée. Pour le peuple sénégalais, c’est l’expectative d’un nouveau souffle économique, social et politique. Son organisation a été assez bruyante, et les femmes ont participé au combat visant au respect du calendrier électoral et à son apaisement. On peut ajouter qu’elles ont toujours été présentes dans les luttes d’intérêt commun ; que ce soit pour l’indépendance, la liberté, l’émergence, la bonne gouvernance. 


Après avoir accueilli avec satisfaction l’élection du nouveau président, Diomaye Faye, de nombreuses femmes sont déçues de constater leur très faible représentativité dans le gouvernement. Sur 34 nominations — à savoir 25 ministres, 5 secrétaires d’État et 4 membres du cabinet du Chef de l’État —, seulement 4 femmes ont été nommées. Ce qui est insignifiant au regard de l’apport des femmes au quotidien et du rôle essentiel qu’elles ont joué dans les différents moments historiques du Sénégal. Selon le collectif des citoyen.ne. s pour le respect et la préservation des droits des femmes, « cette inqualifiable sous-représentation induit une perte intolérable d’intelligences et de visions que seuls le pluralisme et l’inclusion permettent de garantir. Il n’y a aucun secteur dans lequel on ne trouve des femmes qui allient compétence, expérience et dévouement de premier ordre ».


Il est peut-être important de rappeler que le Sénégal est l’un des pays qui se sont montrés favorables à l’égalité des chances et des privilèges entre l’homme et la femme. En 2004 par exemple, le pays a proposé à la Conférence des Chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine, l’adoption d’une Déclaration solennelle pour l’égalité de genre en Afrique qui posent les jalons d’une Commission de l’Union africaine paritaire. Il faut également noter que l’article 7 de la Constitution sénégalaise stipule que « les hommes et les femmes sont égaux en droit. La loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats et fonctions ». Mais, plutôt que de progresser, l’on se rend compte qu’il y a une nette régression sociale au Sénégal. Les efforts des femmes ne semblent pas pris en compte. Cela relève de la volonté de tenir la femme sous le joug masculin, loin de la prise des décisions publiques et politiques, et de la cantonner à des responsabilités secondaires. Faute d’aptitude ? Non, les femmes ont la compétence et l’expertise pour occuper tous les postes les plus stratégiques, dans divers domaines. 


Le collectif des citoyen.ne. s pour le respect et la préservation des droits des femmes, à travers une déclaration signée par plus de 600 citoyen.ne. s , et personnes indépendantes, et une quarantaine d’organisations, monte au créneau pour dénoncer la non-représentativité qui ressort en réalité comme une injustice à l’égard des femmes. Ils protestent aussi contre le changement de nom du ministère de la Femme, de la Famille et de la protection des enfants par le ministère de la Famille et des Solidarités, « une véritable régression », pensent certains, dans le sens où « l’emphase portée sur les femmes et les enfants soulignait précisément l’urgence d’élaborer des politiques publiques destinées à mettre fin aux inégalités de genre qui sont économiques, éducatives, sanitaires, politiques, foncières, etc.), et à améliorer les conditions de vie de celles, qui demeurent les plus vulnérables à la pauvreté et à la violence, et sur qui repose toujours la charge du soin des plus petits et des plus âgés ».      


Eu égard à tout cela, il est demandé au nouvel exécutif d’adopter le principe de mixité pour les nominations à venir dans les directions nationales et les instances administratives. « De surcroît, ils ajoutent, nous demandons le renforcement des cellules genre déjà présentes au niveau des différents ministères pour une mise en œuvre transversale de la stratégie nationale d’équité et d’égalité de genre (SNEEG) en collaboration avec la direction de l’équité et l’égalité de genre (DEEG) et le Programme d’appui à la stratégie d’équité et d’égalité de genre (PASNEEG). “Poursuivre, intensifier et accélérer les efforts pour promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes à tous les niveaux”, c’est ce à quoi l’État du Sénégal s’était engagé dans le cadre de la Déclaration solennelle pour l’égalité de genre en Afrique (DSEGA) et c’est ce à quoi nous invitons le nouveau gouvernement qui définit son projet de société comme panafricain ».      


Boris Noah

    

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