Située vers le rond-point Moungali, le quatrième arrondissement de Brazzaville, l’école de peinture de Poto-Poto existe depuis 1953. L’idée est de ressortir le « beau » dans le quotidien congolais et de traduire des originalités propres au continent africain. De nombreux peintres se sont exprimés en produisant plusieurs œuvres. La première génération de cette école de peinture était constituée des personnes talentueuses comme : Faustin Kitsiba, Eugène Malonga, Guy Léon Fylla. Ils ont fait la fierté du pays et du continent partout dans le monde, en remportant des prix. Aujourd’hui, la nouvelle génération des peintres valorise l’héritage de leurs doyens et œuvre dans la promotion de leur métier. Malgré des difficultés, ils ont choisi le chemin de la persévérance et de la formation des plus jeunes.
Tout commence en 1950 quand Pierre Lods, ancien militaire français, décide de s’installer au Congo. Il crée l’atelier d’art d’Afrique qui deviendra plus tard l’école de peinture de Poto-Poto en regroupant une dizaine d’apprenants. La première idée créative est celle des Mikès, signifiant petit en Lingala, la langue nationale congolaise. Il s’agit des petites représentations qui séduisent les amoureux de la peinture. C’est aussi une marque déposée de cette école.
L’art de la peinture a évolué et a gagné du terrain à Brazzaville. Aujourd’hui, avec tout le potentiel artistique dont regorge le Congo, on retrouve des maîtres congolais qui pratiquent la peinture et sont des formateurs expérimentés. Il y a aussi des autodidactes qui ont osé s’affirmer seuls par l’effort soutenu.
Les apprenants indépendants se sont dispersés dans la ville au fil des années. Par exemple depuis en 1990, sur la rue Mbochis contre rails, à Poto-Poto, des ateliers et des points de vente sont créés et existent jusqu’à ce jour.
Pierre Lods est le pionner de l’école de peinture de Poto-Poto.
Lorsqu’il s’installe au Congo en 1950, il faisait le travail de menuiserie et à ses heures perdues, il était peintre. Deux de ses employés congolais furent étonnés de voir qu’un expatrié faisait parfaitement la peinture qu’eux-mêmes pratiquaient déjà au village, sous une autre forme, pour décorer leurs cases. Un jour, alors que leur chef était absent, les deux ouvriers se sont mis aux pinceaux. Surpris, Pierre Lods les encourage à aller au bout de leur imagination.
Les premières représentations de ces peintres congolais étaient appelées « Mikès ». Pierre disait d’eux qu’ils étaient des génies et qu’ils pouvaient sans crainte traduire leur propre culture, leurs traditions et les spécialités de leurs régions. Ce fut le commencement de l’atelier d’art africain qui regroupait plusieurs peintres venus d’Afrique, notamment de la RDC, du Cameroun, etc. Cet atelier est devenu très vite réputé dans le continent.
la peinture comme une expression particulièrement réussie pour les peintres congolais.
La peinture est un art très expressif. Les artistes peintres s’expriment sur des supports tels que la toile, le papier, le bois, etc.
À l’école de peinture de Poto-Poto, les artistes peignent la vie quotidienne africaine, notamment celle de Brazzaville. Ainsi, on peut voir sur les toiles des scènes typiquement congolaises qui peuvent traduire, par exemple, le brouhaha d’un grand marché.
Par ailleurs, on peut retrouver de nombreux tableaux qui représentent les femmes, éternelles sources d’inspiration. Les artistes peintres tirent leur originalité des faits et des réalités sociales. Autrefois, ils concevaient leurs œuvres selon le style abstrait pratiqué par Pierre Lods.
Le style classique a été exploité par les doyens et grâce à eux, il a eu du succès. Aujourd’hui, les artistes sont très heureux de parler de leurs œuvres et de vanter la formation qu’ils ont reçue auprès des ainés. Par contre, la liberté de créer et de représenter un objet physique avec créativité est ce qui les enthousiasme encore plus. La création artistique devient alors sans limites.
Ces œuvres d’art attirent des clients.
Considérés comme des artistes accomplis, les peintres attirent de la clientèle. M. Sylvestre Mangouandza, artiste peintre, nous a confié qu’il y a quelques années, la plupart des clients qui venaient acheter et passer des commandes massivement étaient des délégations étrangères arrivées à Brazzaville. Actuellement, ce sont plus des entreprises privées qui font des commandes. La population congolaise est attirée par des œuvres, mais achète de moins en moins.
Les difficultés que connaissent l’école et ses peintres.
Les premières difficultés que cette école a connues datent de la période de l’indépendance du Congo. La subvention étatique qui aidait jadis les peintres fut coupée. Ceux-ci créèrent un collectif qui leur permit de se rassembler, de travailler et de partager les revenus. Le but était de faire fonctionner le groupe, de s’occuper de l’achat et l’entretien du matériel. Une contestation eut lieu lorsque le gouvernement a voulu faire des lieux une école de gendarmerie. Le projet fut heureusement annulé, reconnaissant ainsi l’importance de cette école. Sans accompagnement de l’État, Pierre Lods fut obligé de léguer l’atelier d’art d’Afrique aux peintres congolais qui ont créé l’école de peinture de Poto-Poto.
Aujourd’hui, avec la pandémie de coronavirus, ils n’ont plus assez de visibilité, car ils ne peuvent pas organiser des expositions. Les peintres n’ont pas de vitrine numérique qui leur permettrait de vendre en ligne. Les autorités congolaises, par le biais du ministère de la Culture et des Arts en collaboration avec l’UNESCO, tentent d’implanter une galerie virtuelle pour 2021. Les recettes journalières sont actuellement très faibles. Mr Sylvestre nous confie que c’est très dur de subvenir aux besoins familiaux surtout en cas de maladies. L’école étant sous tutelle du ministère de la Culture et des Arts depuis les années 80, les artistes espèrent de l’État un accompagnement honorable de ce patrimoine culturel.
La persévérance des peintres de cette école.
La peinture est un art qui découle de la créativité et de beaucoup d’inspiration. Les peintres de Poto-Poto sont très créatifs. Pour M. Sylvestre, peindre un tableau nécessite beaucoup de concentration. Il faut que le peintre se sente à l’aise et libre.
Leur persévérance se remarque dans leur travail. Malgré des difficultés qu’ils connaissent, ils ont choisi de continuer avec ce métier qu’ils maîtrisent. Ils pensent que chacun a son génie et ils préfèrent exploiter le leur dans les arts plastiques. Ils sont déterminés dans ce travail par passion avant tout et souhaitent être mieux appréciés.
M. Sylvestre qui a presque 60 ans garde l’espoir qu’un nouveau jour naîtra pour l’école de peinture de Poto-Poto. Il compte beaucoup sur la relève, constituée des jeunes pétris de talents. Ils travaillent ensemble avec les autres collègues pour communiquer de l’engouement à ces jeunes artistes. En définitive, ils espèrent que la République du Congo saura valoriser cette école qui est une référence pour l’Afrique.
Juvénale Obili.
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