Le Prix Ahmadou Kourouma apparaît comme l’un des prix les plus importants qui valorisent la littérature africaine d’expression française. Depuis sa création, il a couronné de grands noms de la littérature africaine en particulier et de la littérature francophone en général. On peut citer entre autres ; Sami Tchak (2007), Scholastique Mukasonga (2012), Tierno Monénembo (2013), Wilfried N’Sondé (2018), David Diop (2019) et Hemley Boum (2020). Rendu à sa 18ème édition, le comité d’organisation du prix a dévoilé le 28 avril 2021, la liste de la première sélection des livres qui seront en compétition cette année.
Création et règlement du Prix Ahmadou Kourouma
Le Prix Kourouma a été créé pour rendre hommage à l’écrivain ivoirien, Ahmadou Kourouma, décédé en décembre 2003. Ce prix est né de l’initiative de Jacques Chevrier Professeur émérite à la Sorbonne, Jean-Louis Gouraud ancien directeur de la rédaction de Jeune Afrique et de Pierre-Marcel Favre Éditeur et fondateur du Salon international du livre et de la presse de Genève. La création de ce prix littéraire suisse, au nom d’Ahmadou Kourouma, est un hommage mérité au regard de la pertinence de son engagement littéraire et de l’immensité de son œuvre depuis les années 1970. Le romancier ivoirien est auteur de plusieurs livres qui ont connu un succès remarquable. Parmi les plus connus, on peut citer les romans tels que Les Soleils des indépendances (Seuil, 1970) qui obtiennent le Prix Maillé-Latour-Landry de l’Académie française la même année. Son roman Monnè, outrages et défis (Seuil) qui a gagné le Grand Prix littéraire d’Afrique Noire en 1990. En attendant le vote des bêtes sauvages (Seuil) remporte le Prix du Livre Inter en 1999. Et Allah n’est pas obligé (Seuil) est couronné en 2000 ; en même temps par le Prix Amerigo-Vespucci, le Prix Renaudot, le Prix Goncourt des lycéens.
Depuis 2004, le Prix Ahmadou Kourouma est décerné chaque année dans le cadre du Salon international du livre et de la presse de Genève. Il est soutenu par la Direction du Développement et de la Coopération (DDC) et l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). C’est un prix littéraire qui récompense « un auteur africain ou d’origine africaine de l’Afrique subsaharienne, d’expression française, pour un ouvrage de fiction – roman, récit ou nouvelles – dont l’esprit d’indépendance, de lucidité et de clairvoyance s’inscrit dans le droit fil de l’héritage légué par Ahmadou Kourouma. » Autrement dit, le Prix Kourouma est ouvert aux écrivains originaires d’Afrique noire, dont les livres se posent comme le prolongement des combats qui ont caractérisé l’œuvre de l’écrivain ivoirien. Ces livres doivent exposer les réalités socioculturelles étroitement liées à l’Afrique noire. Le Prix Kourouma ne tient compte ni de l’espace de résidence des écrivains ni de l’espace de publication de leurs livres. Principalement, il faut être d’expression française, au-delà d’être originaire de la zone subsaharienne africaine.
Le vainqueur de ce prix remporte une somme de 5 000 francs suisses. De plus, il bénéficie naturellement d’une reconnaissance littéraire et d’une grande promotion médiatique. Pour participer au Prix Kourouma, l’auteur ou son éditeur doit envoyer gratuitement huit (8) exemplaires de son livre au secrétariat administratif du prix, suivi d’une brève notice biographique. Les ouvrages ne doivent pas être édités à compte d’auteur, ils ne doivent pas être réédités, encore moins être traduits. Pour le cas précis des ouvrages édités sur le continent africain et qui ne sont par conséquent pas distribués en France ou en Suisse ; le comité d’organisation du Prix prend en charge les frais d’expédition y afférents.
Présentation du jury de l’édition 2021
Le jury du Prix Kourouma est composé de six (6) membres et d’un président. Pour l’édition de cette année, le jury est constitué de Jacques Chevrier, Christine Le Quellec Cottier, Romuald Fonkoua, Isabelle Rüf, Isabelle Chariatte, Boniface Mongo-Mboussa et Nétonon Noël Ndjékéry. Il est présidé par Jacques Chevrier, qui est par ailleurs président de l’ADELF (Association Des Écrivains de Langue Française). Chevrier est très connu pour ses nombreux ouvrages sur la littérature francophone d’Afrique noire.
Parmi les membres, on peut citer Christine Le Quellec Cottier, Professeure titulaire à la faculté des lettres de l’Université de Lausanne. Elle a collaboré à l’édition des livres autobiographiques de Blaise Cendrars, pour la collection de la Pléiade chez Gallimard. Romuald Fonkoua est Professeur des universités, il est le Directeur du Centre International d’Études Francophones (CIEF) de l’Université Paris-Sorbonne et Rédacteur en chef de la revue Présence africaine. Isabelle Rüf est journaliste, Critique littéraire et traductrice. Elle a travaillé pour la Radio Suisse romande, Espace 2 et poursuit sa collaboration avec le quotidien Le Temps. Isabelle Chariatte est Auteure et Professeure à la faculté des lettres et sciences humaines de l’Université de Bâle. Depuis quelques années, ses travaux scientifiques sont plus centrés sur la littérature africaine francophone. Boniface Mongo-Mboussa, quant à lui, est Critique littéraire et Professeur de littérature francophone à Sarah Lawrence College de Paris. Chroniqueur à « L’Atelier du Roman », il est l’auteur du célèbre livre Désir d’Afrique (Gallimard, 2002), préfacé par Ahmadou Kourouma et dont la postface est de Sami Tchak. Et enfin, Nétonon Noël Ndjékéry qui est informaticien et auteur de plusieurs livres de fiction dont Sang de kola (L’Harmattan, 1999), Chroniques tchadiennes (Infolio, 2008).
Liste des présélectionnés du Prix Ahmadou Kourouma 2021
La liste de la première sélection des livres en lice pour l’édition de cette année :
Perde le corps, Theo Ananissoh (Gallimard)
Un pape noir au Vatican, Lucien Cyrille Ekeou (Le Lys Bleu)
Abobo Marley, Yaya Diomandé (JC Lattès)
Tison rouge, charbon noir, Moïse Doumou à Mvomo (Editions CLE)
Black Manoo, Armand Patrick Gbaka-Brédé (dit GAUZ) (Le Nouvel Attila)
Aline et les hommes de guerre, Karine Silla (L’Observatoire)
La Mer Noir dans les Grands Lacs, Annie Lulu (Julliard)
Rumeurs d’Amérique, Alain Mabanckou (Plon)
Bloody Kongo, Dina Mahoungou (L’Harmattan)
La Danse du Vilain, Fiston Mwanza Mujila (Métaillé)
Dans le ventre du Congo, Blaise Ndala (Seuil)
Les Lumières d’Oujda, Marc Alexandre Oho Bambe (Calmann Lévy)
L’Odyssée des oubliés, Khalil Diallo (L’Harmattan)
Les Eaux noires, Abdoul Kane (L’Harmattan)
La société Kongo face à la colonisation portugaise 1885-1961, Mbala Lussunzi Vita (Paari)
La remise du prix de cette année aura lieu le vendredi 22 octobre 2021, pendant le Salon du livre de Genève, comme à l’accoutumée.
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