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ARDO HANNE : ‘ la musique est l’expression majeure de la culture au Mali '

Nous avons eu un entretien avec Ardo Hanne, co-fondateur du Mieruba Art Center qui est devenu au fil des années un centre culturel au Mali. Situé à Ségou, ce centre qui abrite de nombreuses activités culturelles est le siège du label MIERUBA dont la mission est de sauvegarder l’héritage musical et culturel du Mali.



Bonjour Ardo Hanne, merci pour cet échange que vous acceptez de nous accorder. On sait que vous êtes promoteur culturel et cofondateur du Mieruba Art Center. Pouvez-vous nous en dire plus sur vous ?


Je m’appelle Salia Elimane Hanne, appelé Ardo par les amis et je suis natif de Ségou. Depuis toujours je suis passionné de musique, mais mon ethnie ne me permettait pas de jouer de la musique. Je suis Toucouleur, mes ancêtres sont arrivés à Ségou avec El Hadji Oumar dans le processus d’islamisation de la région.


Le MIERUBA est un label de musique indépendant, fondé depuis 2008 à Ségou, au Mali. Il entend promouvoir les chansons folkloriques et le blues, et célébrer les anciennes gloires de la musique malienne qui sont presque passées aux oubliettes. Quelles sont les motivations qui ont conduit à la création de ce label ?


C’est la rencontre de Mangala Camara qui m’a donné l’idée de mettre sur pied ce label. Après sa mort, j’ai compris qu’il y avait urgence de faire quelque chose pour préserver les sonorités et mélodies du Mali qui étaient en train de se perdre. La musique est l’expression majeure de la culture au Mali et nous avons besoin de nous réapproprier notre patrimoine. Ceci étant en lien avec l’objectif de relocaliser l’industrie musicale.


L’année 2010 a été assez triste pour le projet MIERUBA, avec le décès de son co-fondateur, le célèbre Mamoutou Camara (Mangala). Quel rôle a-t-il joué dans le projet avant son départ brusque ?


Après un séjour de 20 ans en Europe, Mangala est rentré en 2004 à Bamako. Il avait acquis une grande expérience dans le secteur de la musique. Ses idéaux m’ont inspiré dans mes choix de vie et dans le travail. Mangala m’a aussi appris comment travailler avec les musiciens maliens pour un objectif partagé et un intérêt commun.


Le premier album produit par MIERUBA n’est autre que celui de Mangala, enregistré juste quelques mois avant sa mort. Est-ce que vous pouvez nous dire ce qui a changé après le départ de Mangala, étant donné que le projet n’était qu’à ses débuts ?


L’album de Mangala était une co-production que Mieruba s’est chargé d’éditer après sa mort, en accord avec ses ayants droit. Le départ précipité de Mangala n’a fait que confirmer l’urgence de continuer ce qu’on avait commencé ensemble ; continuer à notre manière à participer à la sauvegarde de l’héritage culturel musical du Mali, en faisant émerger de nouveaux talents et genres artistiques.


Quels souvenirs gardez-vous de Mangala Camara ?


Mangala Camara reste l’un des plus grands musiciens du Mali. On se souvient qu’il avait été repéré par Salif Keïta, lequel lui avait permis de faire sa première tournée européenne en 1985. Et l’année d’après, il a été lauréat du Prix découverte RFI. Il fait partie de ceux qui ont fait flotter le drapeau de notre pays hors des frontières du continent africain. Vendre la musique malienne et la culture africaine en général, ont été ses principales missions. Je garde de lui le souvenir de quelqu’un qui aimait son travail. Mangala était un grand passionné de musique, et un véritable patriote qui avait beaucoup de projets pour sa terre natale.


Quel est le but de l’initiative « The Lost Maestros Collection » ?


L’initiative « The Lost Maestros Collection » a pour but de réunir plusieurs grands musiciens en une seule collection pour redonner lumière à la richesse et à la diversité du grand patrimoine culturel malien qu’on essaie de préserver. C’est un projet qui donne l’opportunité aux anciens musiciens disparus de l’arène musicale, de revenir dans la création et la production, une occasion pour eux de produire les titres qu’ils n’ont pas pu produire au cours de leurs carrières. Ce projet est donc une forme de promotion des trésors humains vivants du secteur de la musique, mais aussi une forme de collecte et de diffusion du patrimoine artistique.



En quoi se résume le projet « Pacific fusion » pour lequel vous avez sollicité un appui financier ?


Le projet a pour but de fusionner les différentes traditions musicales maliennes. C’est un projet important pour Mieruba depuis que la guerre a bouleversé l’équilibre qui existait entre les différentes cultures du Mali. Au regard des conditions difficiles que le pays est en train de vivre aujourd’hui, il nous semble important d’utiliser le mode d’expression majeure qu’est la musique, pour véhiculer un message de paix, de solidarité et de partage dans la diversité. Ce qui permettrait de revitaliser notre patrimoine tout en le préservant. Pour cela, le Mieruba à travers le projet « Pacific fusion » a décidé d’enregistrer des chansons qui témoignent de la rencontre des cultures Bambara et Touaregs. Aussi, il propose aux musiciens Bambara et Touaregs de réinterpréter ensemble les chansons issues de ces deux cultures maliennes.


Après plus de dix ans d’existence, est-ce que vous êtes satisfaits de votre parcours ?

Oui, je suis très satisfait parce que nos efforts commencent à être reconnus au niveau national et international, bien que la route reste encore longue.


Pourriez-vous partager avec nous les plus grands succès qu’a connus l’entreprise MIERUBA ?


Les succès sont nombreux. Mais je vous parlerai prioritairement de la sortie de « The Lost Maestros Collection ». Cette collection est désormais disponible en vinyle, CD et sur les plateformes digitales.


Le Mieruba Art Center est devenu au fil du temps un véritable centre culturel. Au-delà d’être le siège du label, quelles sont les activités qu’il accueille ?


Notre centre accueille plusieurs activités. C’est un lieu de résidences d’artistes, il offre des cours de musique, on y retrouve des expositions des œuvres d’art, tableaux, photographies et bien plus. Le Mieruba Art Center c’est un lieu ouvert et en permanente évolution. On le construit jour après jour, la passion étant notre seul carburant.

Qu’est-ce que vous proposez de différend aux artistes maliens comparativement aux labels étrangers ?

Les artistes qui collaborent avec Mieruba font partie d’une grande famille. Aussi, le Mieruba travaille essentiellement à aider les artistes maliens à comprendre et à gérer les droits qui sont les leurs. C’est un label qui fait passer les intérêts de ses artistes avant les siens.

Quels sont les genres artistiques que vous produisez ? Y a-t-il des conditions à remplir pour qu’un artiste soit accompagné par votre maison de production ?

Notre condition sine qua non c’est que la musique soit tirée du répertoire traditionnel de la région de Ségou.

Quels sont les projets du Mieruba Art Center ?

Mieruba Art Center a comme projet de devenir le lieu où se rencontrent les différentes musiques de la région de Ségou et du Mali, avec d’autres musiques du monde. On est en train de travailler pour mettre en place un studio d’enregistrement et plusieurs salles de répétitions.

Ardo Hanne, Merci !

Merci à vous !


Boris Noah



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