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Imbolo Mbue : une plume en effervescence !

Imbolo Mbue est actuellement l’une des fiertés de la littérature africaine. Auteure de deux romans à succès, l’écrivaine d’origine camerounaise ne cesse de faire parler d’elle. À travers son écriture qui révèle le monde contemporain dans sa diversité et sa complexité, elle représente en même temps le présent et le futur des lettres africaines.



La désillusion du rêve américain

Imbolo Mbue est une écrivaine camerounaise d’expression anglaise et de nationalité américaine. Née en 1982, à Limbe, dans le Sud-Ouest du Cameroun, elle arrive aux États-Unis en 1998. Diplômée en droit des affaires à l’université Rutgers dans l’État du New Jersey et à l’université Columbia à New York, elle commence à travailler dans une société de marketing. Cependant, à cause d’une crise économique, elle perd son emploi et se retrouve au chômage. Le rêve américain se transforme en cauchemar. La Camerounaise est déçue de sa vie sur la terre américaine et pense même qu’il est mieux de rentrer sur sa terre natale. Mais elle se ravise.

Dans cette période difficile où Imbolo Mbue peine à trouver un autre emploi, elle commence à écrire. Le déclic se fait après la lecture de Song of Solomon de Toni Morrison, qui lui fait prendre conscience de son identité nourrie d’un entre-deux culturel et des déconvenues de l’immigration dont elle fait amèrement l’expérience. Elle est donc une écrivaine autodidacte qui a appris à écrire en lisant de grands écrivains. Mis à part Toni Morrison, elle est inspirée entre autres par d’autres auteurs comme Chinua Achebe, Ngugi Wa Thiong’o, Gabriel Garcia Marquez et Jonathan Franzen qui disait à son sujet : « Imbolo Mbue serait une formidable romancière n’importe où, dans n’importe quelle langue. C’est une chance pour nous qu’elle et ses histoires soient américaines. »


La Foire du livre de Francfort 2014…

La percée littéraire d’Imbolo Mbue commence en 2014, d’une manière assez extraordinaire. En effet, pendant la Foire du livre de Francfort, en octobre de cette année, une maison d’édition américaine, Random House, décide d’acheter pour un million de dollars les droits du premier roman d’une Camerounaise âgée d’environ 32 ans. L’univers littéraire américain est surchauffé, d’autant plus que la jeune écrivaine est inconnue du public. L’on ne sait presque rien d’elle et Imbolo Mbue fait l’objet de toutes les curiosités. Mais l’éditeur américain croit fermement à son manuscrit initialement intitulé The longings of Jende Jonga, en déclarant qu’il est écrit avec « une dose égale d’intelligence, d’empathie et de talent ». Et l’agent de l’auteure, Susan Golomb, rassure qu’elle « a dépeint des personnages parmi les plus délicieux et rafraîchissants de la littérature contemporaine, avec tous leurs espoirs, leurs désirs et leurs déceptions ».

Après près de deux années consenties pour retravailler le roman, il est finalement publié aux États-Unis en août 2016, sous le titre Behold the Dreamers. Ce, après une campagne marketing remarquable. Et la traduction française du roman, Voici venir les rêveurs, paraît parallèlement en France, chez l’éditeur Belfond. Les fruits tiennent à la promesse des fleurs. Le compteur des ventes tourne incessamment, le livre est un best-seller. Il est nommé « livre remarquable de l’année » par le New York Times et le Washington Post, et meilleur livre de l’année par une dizaine de journaux. Behold the Dreamers remporte le PEN/Faulkner Award for Fiction 2017 ; le « Blue Metropolis Words to Change Award » et Imbolo Mbue est sélectionnée par « l’Oprah’s Book Club ». Il est par la suite traduit en une dizaine de langues, et des adaptations cinématographiques s’ensuivent.

Cap sur son œuvre romanesque

Imbolo Mbue est l’auteure de deux romans, et d’une nouvelle, Emke, qui paraît en 2015, dans The Threepenny Review, une revue américaine qui publie de grands auteurs. Voici venir les rêveurs qui l’a révélée est aussi drôle que poignant. Le roman raconte l’histoire d’un couple camerounais qui réussit à réaliser leur rêve le plus cher, celui d’immigrer et de vivre ensemble aux États-Unis. Partis de Limbé pour New York, Jende Jonga et Neni sont heureux malgré leurs conditions de vie difficiles. Dans une situation irrégulière, puisqu’ils n’ont pas des papiers à jour, le couple survit grâce à de petits boulots non déclarés. Finalement, le mari commence à travailler comme chauffeur pour un riche banquier américain, Clark Edwards. Il pense enfin qu’il pourra offrir à sa femme et son fils des conditions de vie meilleures, et régulariser leur statut de migrants. Mais une crise financière écarte dans le pays. Et le couple qui fait face à de nombreuses difficultés comprend très vite que l’Amérique n’est pas la terre promise où coulent le lait et miel.

Son deuxième roman How Beautiful We Were, paru en 2021 chez le même éditeur Random House a été nommé par le New York Times comme « l’un des 10 meilleurs livres » de 2021. Sa traduction française publiée sous le titre Puissions-nous vivre longtemps, toujours aux Éditions Belfond, a reçu le Prix littéraire Les Afriques 2022. Dans ce récit qui commence à la fin des années 1980, l’auteure nous emmène dans un village africain où une compagnie pétrolière américaine, Pexton, pollue l’environnement au point de provoquer des maladies mortelles. Les habitants de ce village, Kosawa, décident donc de se révolter contre cette firme américaine qui a le soutien de l’État malgré ses multiples dégâts. Et le combat est porté par les jeunes, notamment la courageuse Thula qui s’inspire de Frantz Fanon : « Chaque génération doit, dans une relative opacité, affronter sa mission : la remplir ou la trahir. » (Les Damnés de la terre)


Boris Noah

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