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Mots d’Elles - Association des Écrivaines Burkinabè



Par Boris Noah


À la rencontre de Bernadette Sanou Dao, présidente de l’Association Mots d’Elles.

L’Association Mots d’Elles a lancé ses activités le 20 novembre 2021, à Ouagadougou, au Burkina Faso. Elle se dresse comme un cadre de « partage d’expériences » entre les écrivaines burkinabè dont la vision est de contribuer à l’éclosion d’une littérature nationale de qualité, « qui favorise l’épanouissement personnel et la participation citoyenne ». Parmi les figures majeures que compte cette association, nous pouvons citer Monique Ilboudo, Sophie Heidi Kam et Bernadette Sanou Dao.

Monique Ilboudo est écrivaine, femme politique, avocate et militante des Droits de l’Homme. Avec la parution de son premier roman, Le Mal de peau, Grand Prix du meilleur roman burkinabè en 1992, publié la même année à l’Imprimerie Nationale du Burkina et réédité en 2001 par Le Serpent à Plumes — elle devient la première femme romancière burkinabè. Son dernier roman, Carrefour des veuves (Lettres Mouchetées, 2020) a remporté le Prix littéraire des Droits de l’Homme (à titre étranger). Après avoir été enseignante à l’Université de Ouagadougou, Monique Ilboudo a été membre du Conseil Supérieur de l’Information, Secrétaire d’État chargé de la promotion des Droits de l’Homme, ministre de la Promotion des droits humains et Ambassadrice.

Diplômée en Informatique et en littérature, Sophie Heidi Kam, quant à elle, se caractérise comme une écrivaine assez prolifique. Elle a remporté de nombreux prix au Burkina Faso. Elle est notamment huit (8) fois lauréate du Grand Prix national des Arts et des Lettres. L’écrivaine burkinabè vient aussi de gagner, en novembre 2021, le Grand Prix du Livre de la FILO (Foire Internationale du Livre de Ouagadougou) pour son recueil de poèmes Mémoires vivantes. Par ailleurs, Sophie Heidi Kam est considérée comme la première femme dramaturge du Burkina, après sa première pièce théâtrale, Et le soleil sourira à la mer, parue en 2008.

Bernadette Sanou Dao, enfin, — plus connue sous son nom de plume et de jeune fille Bernadette Dao a publié plusieurs livres parmi lesquels, Quote-part et Symphonie, qui lui a valu le Prix Jean-Cocteau de poésie en 1995. Membre de nombreuses associations de protection des droits des enfants et des femmes, elle a été ministre de la Culture, ministre de l’Intégration régionale, Directrice de l’Institut Pédagogique du Burkina, Directrice générale de la coopération internationale et Directrice générale de l’Office national du Tourisme burkinabè, entre autres. À sa tête depuis quelques mois, Bernadette Dao a accepté de nous en dire plus sur l’Association Mots d’Elles.


Mme Bernadette Sanou Dao, bienvenue dans le Magazine Lakalita. Vous êtes la présidente de l’Association Mots d’Elles, qui regroupe les écrivaines du Burkina Faso. Pourquoi le choix du nom « Mots d’Elles » ?


Tout d’abord, merci de me recevoir dans le magazine LAKALITA et de m’associer ainsi à une entreprise de grande envergure culturelle.

Le choix du nom de notre association répond au souci de traduire de façon un peu originale et assez forte, la participation, la contribution que nous comptons bien apporter avec nos écrits à la production littéraire de notre pays et même au-delà, et sur les différents thèmes d’actualité à ce niveau.


Qu’est-ce qui a motivé la création de cette association dont la devise est : « Écrire pour changer le monde ! » ?


Pour répondre à cette question, je voudrais simplement reprendre ce que nous avions dit en 2019, lors de la première FILO à laquelle nous avons participé en tant que groupe, informel à l’époque : « Si la notion de littérature féminine ne nous paraît pas pertinente notamment parce qu’il n’a jamais été question de littérature masculine, nous sommes conscientes de l’arrivée seconde des femmes dans cet art comme dans certains autres domaines de la vie sociale. Cette situation, tributaire des stéréotypes de genre et de l’exclusion des filles de certains lieux de savoir et de pouvoir, a contraint les femmes à des luttes d’intégration qui ont porté des fruits pas encore suffisants et pas encore assez stabilisés. D’où le besoin d’actions spécifiques pour rappeler les injustices et discriminations encore présentes, mettre en exergue la participation des femmes en littérature comme dans la construction générale de la nation. »

Disons donc que nous voulons nous donner la mission d’apporter « un son nouveau » sur les grands défis de l’heure pour notre pays et tout le débat autour de ces actualités.


Mots d’Elles a pour principal objectif de contribuer à la production ainsi qu’à la promotion d’une littérature de qualité au Burkina Faso et de promouvoir les droits de la femme. Comment comptez-vous procéder pour atteindre cet objectif ?


C’est déjà de nous obliger nous-mêmes à produire des écrits de qualité, quels que soient les genres dans lesquels nous produisons. C’est aussi d’encadrer les jeunes talents pour qu’ils s’inscrivent résolument dans cette dynamique et vision d’écrits de qualité, renonçant à la facilité et s’efforçant de toujours cultiver le sens de l’ouvrage bien écrit, et intéressant dans le fond comme dans la forme.

En ce qui concerne les droits de la femme, c’est à nous de faire l’écho et les porte-voix dans nos publications et sur toutes les tribunes qui nous seraient ouvertes ou que nous arriverions à créer nous-mêmes. Il ne s’agit pas pour nous d’être forcément véhémentes, mais d’être fermes et constantes dans nos choix de défendre les droits de la femme. Il y a tellement à dire et à faire. De toutes les façons, il s’agit de ne rien lâcher, envers et contre tout !


Pourriez-vous nous en dire plus sur les différents objectifs de l’association ?


Nos objectifs spécifiques tels que déclinés dans notre plan d’action sont les suivants :

a. Promouvoir la littérature burkinabè, spécialement les textes écrits par des femmes burkinabè. Il s’agira de nous investir dans des projets favorisant la valorisation de textes littéraires burkinabè et singulièrement ceux produits par des femmes.


b. Promouvoir la lecture surtout auprès des jeunes et des femmes. C’est un lieu commun aujourd’hui que de dire que les jeunes ne lisent plus beaucoup (même si cela n’est pas forcément vérifié) et en ce qui concerne les femmes, l’analphabétisme devient un facteur aggravant de cette situation à ce niveau ! Il s’agira par conséquent d’encourager des clubs de lecture par exemple et de créer aussi des opportunités d’accès aux livres pour ces publics.


c. Faire connaître et promouvoir les écrivaines burkinabè et l’association. cf. un tout petit peu ce qui est déjà dit plus haut.


d. Contribuer à l’animation de la vie culturelle au Burkina Faso. Nous avons l’ambition d’être « un acteur qui compte » sur la scène culturelle nationale par nos écrits bien sûr, mais pas seulement. « La plume » est un moyen formidable de participation et quand on a le privilège de pouvoir s’en servir, il faut en profiter à fond.


e. Contribuer à la promotion des droits des femmes au Burkina Faso. Cf supra.


Au-delà, d’être écrivaine burkinabè, que faut-il pour être membre de cette association ?


L’article 9 des statuts de notre association stipule qu’il faut bien évidemment adhérer à ses statuts. L’article suivant ajoute qu’il faut payer un droit d’adhésion d’un montant de 2000 FCFA. L’esprit fondamental c’est vraiment d’être engagée pour l’écriture de qualité.

Enfin, comme c’est le cas généralement dans toutes les associations, nous avons des membres « fondatrices », des membres actifs et des membres d’honneur.


Qu’avez-vous prévu pour la célébration de la Journée internationale de la Femme de cette année ?


Je dois avouer qu’à l’heure où je réponds à ces questions, nous n’avons pas encore ficelé notre programme pour le 8 mars. Il y a tout de même l’épouse de l’ambassadeur de l’Union européenne qui veut nous associer à des activités littéraires à cette occasion, mais nous allons stabiliser quelque chose de propre à notre association.


Pour finir, quelles sont les perspectives de l’Association Mots d’Elles ?


Les perspectives à notre niveau, c’est vraiment d’arriver à créer de vrais évènements littéraires dans notre pays et des projets concrets « qui laissent des traces » ! Évidemment tout cela demandera des moyens de différentes natures, mais c’est bien l’ambition que nous avons avec notre association.

Nous allons également créer et renforcer des partenariats porteurs dans le sens de ce qui est dit plus haut et, dans cette dynamique, nous comptons renforcer notre collaboration avec la biennale des littératures d’Afrique noire francophone dont la 5e édition se tiendra le mois prochain. Nous comptons bien saisir aussi « la main tendue » de LAKALITA pour une collaboration à construire.

Nous envisageons enfin de nous investir dans la production d’ouvrages collectifs pour donner à notre association, précisément, sa dimension de « collectif » d’écrivaines.


Mme Bernadette Dao, nous vous remercions pour votre disponibilité.

Merci à vous également de nous avoir donné la parole.


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