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Quelle politique pour promouvoir la femme ?

Dernière mise à jour : 2 déc. 2020


La question de la mise en œuvre des politiques édictées en matière de promotion de la femme en Afrique revient de manière récurrente. En effet, la réalité du terrain est extrêmement éloignée des engagements pris, parfois, osons le dire, sans grande conviction et sur la base d’échéances élastiques. Il est évident qu’il faut éviter de généraliser à l’échelle de tout un continent, les réalités nationales pouvant varier en regard du contexte socioéconomique et culturel. Nous pouvons tout de même attester de certaines similitudes dans l’esprit même de l’absence de prise de décision et de l’application approximative de règles. L’extrême pauvreté de la majorité des femmes, leur faible accès à l’éducation, à la formation, aux soins, à la terre, aux ressources, la difficulté de la conciliation travail-famille, le non-respect de leurs droits et la non-reconnaissance de leur valeur ajoutée malgré leur engagement fort et absolu dans tous les secteurs économiques et principalement dans les secteurs agricole et informel pose de plus en plus un problème éthique. L’implication effective des femmes dans toute politique de promotion qui les concerne est un préalable sur un continent en pleine croissance économique et sociale. Les défis à relever sont nombreux. Malgré la croissance, les statistiques nous indiquent un recul global de la pauvreté mais paradoxalement une augmentation du nombre de pauvres, les femmes bien évidemment y figurent en très bonne place. Les inégalités liées au genre sont multiples. Le leadership des états pour les juguler est primordial et indispensable. L’implication plus importante des populations en tant que partenaires dans l’élaboration des programmes des gouvernements du sud avec l’appui technique et financier des experts est à l’évidence une voie prometteuse. Cette implication serait plus en phase avec les besoins et susceptibles d’être mieux accueillis et assimilés par les bénéficiaires, puisqu’elles participeraient activement à leur mise en œuvre et ne seraient plus traitées comme les pièces d’un échiquier qui œuvrent plus pour satisfaire la diffusion de statistiques. Depuis septembre 2015, les 17 objectifs du développement durable promeuvent l’égalité des chances, à atteindre pour l’horizon 2030. Pour celles qui ont vécu et suivi la déclaration et le programme d’action de Beijing, les OMD, les décennies de la femme, il y a véritablement un réel questionnement quant à l’efficience des multiples déclarations d’intention qui de toute évidence n’arrivent pas à fédérer, la vision des experts, les politiques des gouvernements et l’amélioration des conditions des communautés. Le rapport de synthèse d’ONU FEMMES, publié en mars 2015, sur les 20 ans de Beijing, reconnait que la condition de la femme et de la fille ne s’est pas beaucoup améliorée et qu’elle a parfois empiré. Ce rapport appelle à une prise de conscience et à la reconnaissance de la responsabilité partagée. On y lit : « Les mêmes obstacles et contraintes ont toujours cours à l’échelle mondiale. Certains domaines ont connu des progrès prometteurs. Cependant, aucun pays n’a atteint l’égalité des sexes ». Ce constat est édifiant et nous montre le chemin qu’il reste à parcourir pour tendre vers l’adoption et l’application de lois et politiques accomplies par les états, les institutions et les communautés afin d’aboutir au respect des droits primordiaux des femmes. Les femmes représentent plus de la moitié de la population mais elles sont moins susceptibles que les hommes à avoir un emploi, l’accès au crédit, à la terre leur sont encore moins favorables. Les discriminations liées au genre vécues au quotidien par les femmes sont multidimensionnelles. Des actions concertées pour réduire ces inégalités sont élaborées depuis des décennies mais leur application effective est confrontée à des obstacles majeurs tant au niveau politique que socioculturel. Nous pouvons citer toutes les bonnes intentions qui unissent les gouvernements derrière les 17 objectifs de développement durable d’ici 2030. A quoi cela servirait-il si une décision politique ferme et volontaire incluant les femmes n’est pas une priorité pour les états ? Etre femme et leader parait un paradigme que la société ne semble pas encore être prête à admettre malgré les apparences. Celles qui s’approchent du sommet sont malheureusement, encore de nos jours, affublées publiquement ou en privé, de tous les quolibets machistes inacceptables. Comment, alors, donner aux filles, une autre vision de la femme que celle qui est victime des perceptions négatives et des préjugés de ses congénères ? Comment faire entrevoir aux filles l’importance de la femme et son leadership dans la société, qui font d’elle un acteur clé pour sa communauté et pour le monde ? Comment donner aux filles et aux femmes tous les outils pour une meilleure conscience de soi ? Une confiance solide en soi ? Comment libérer la femme de la tutelle psychologique qui depuis des millénaires, fait d’elle une abusée, une victime d’aliénation de sa valeur humaine intrinsèque ? Dans laquelle elle a tout de même, sa part de responsabilité. Comment éduquer les garçons et les hommes à s’élever spirituellement pour considérer l’autre comme soi ? Ce sont là des questionnements socioculturels essentiels auxquels nous devons tous répondre et qui sont un préalable à toute appropriation de programmes certes justes, certes ambitieux, certes stratégiques mais probablement inadaptés aux réalités. L’égalité des chances 50-50 sera atteinte lorsqu’on ne parlera plus de journée internationale de la femme, d’année internationale, de discrimination positive ou tout simplement de politique de promotion de la femme. Le jour, où, l’homme et la femme considèreront humainement et naturellement, l’autre comme soi, l’égalité tant recherchée sera établie. Fatoumata KANE KI-ZERBO


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