La crise sécuritaire qui sévit au Sahel depuis plus d’une décennie a considérablement réduit les possibilités de production agricole et d’élevage tout en drainant un nombre toujours plus important de populations déplacées ; il y’en aurait plus de cinq cents milles au Mali et plus de deux millions au Burkina Faso (soit 10 % de la population). Le déficit alimentaire s’en trouve alors nécessairement accru, et ce en dépit des différents efforts gouvernementaux à travers, notamment les stocks de sécurité alimentaire. À cette situation dramatique, s’ajoutent les effets aggravants de la Covid-19 et du conflit russo-ukrainien qui pénalisent le commerce international en matière notamment de livraisons de fertilisants et de céréales.
Le FMI, l’institution de Bretton Woods dirigée par l’économiste bulgare Kristalina Georgieva table sur un « ralentissement brusque » de la croissance du PIB au sud du Sahara à 3,6 %, par rapport au taux de 4,7 % l’an dernier. Ceci, alors que le continent reprenait peu à peu ses couleurs après la crise provoquée par la pandémie de Covid-19.
Ce ralentissement économique est causé par les effets collatéraux du conflit russo-ukrainien, l’accélération « spectaculaire » de l’inflation dans le monde, la « série de chocs » dans la région subsaharienne, la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie et les divers déséquilibres macroéconomiques que connaissent ces pays quand, le niveau d’endettement public de nombre d’entre eux a atteint des niveaux record à plus 60 % et dans certains cas 100 % du PIB.
Abebe Selassie, le Directeur Afrique du FMI a, à cet effet, lancé un appel à la solidarité internationale : « nous sommes très préoccupés par la nécessité pour la communauté internationale de faire sa part afin de relever ces défis incroyables qui affectent les pays les plus vulnérables ».
La solution viendra donc de la capacité de nos économies à absorber les chocs exogènes tout en renforçant les capacités internes en matière de sécurisation des territoires et de la mise en place d’outils/programmes de développement efficaces. Il faut cependant noter que les remous sociopolitiques qui émaillent l’Afrique occidentale ne sont pas de nature à rassurer les partenaires techniques et financiers à court terme. Le péril alimentaire, découlant des crises sécuritaires et économiques, demeure donc un défi majeur pour les populations de la zone CEDEAO.
Emmanuel Bakary KI-ZERBO
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